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ANALYSE CRITIQUE

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Réflexion sur le paysage dès le concept 

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Le landscape urbanism soutient que le paysage doit être l’élément fondateur et unificateur d’un projet. Dans le cas de la revitalisation du quartier Godsbanearealet, ce sont les structures paysagères à différentes échelles qui guident la requalification du site, dans le but de faire ressortir l’identité du lieu. Des liens au paysage peuvent être explicitement identifiés dans le discours des concepteurs sur les intentions de départ du projet. Ici, on saisit que le projet reprend la logique multiscalaire du paysage de la ville d’Aalborg afin de le réinterpréter à l’intérieur du projet : 

 

« Le développement [d’Aalborg] a un grand potentiel grâce à son emplacement proche des transports publics. En même temps, le paysage linéaire contient un élément d'identité majeur qui guidera notre plan. Une ville qui fonctionne bien se compose d'éléments qui lui confèrent une identité à différentes échelles. Que serait Aalborg sans le Limfjord, la colline nord-est et la colline nord-ouest, qui contribuent tous à définir la ville à l'échelle du grand paysage. À l'échelle moyenne, on trouve les installations portuaires, les silos et les excavations de calcaire. À petite échelle, ce sont les maisons individuelles et les petites rues denses, les niches et les places qui donnent une identité et une vie. » 

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« [Le projet] est structuré de la même façon. À grande échelle, il est basé sur l'ancien paysage […] qui crée l'épine dorsale et la cohérence du plan. Les bâtiments existants de plus grande échelle créent l'échelle moyenne de la région. La petite échelle est représentée par les nouveaux bâtiments individuels et la composition de leurs espaces. Le district sera perçu comme un seul paysage urbain dans lequel il y a à la fois un espace pour l'éducation, la créativité, les affaires, le sport et la récréation. Un paysage urbain qui intègre l’architecture, les fonctions et le paysage en un tout unifié. »

 

 (Traduction libre, PolyForm Arkitekter, 2010, p.21) 

Introduction : notion de paysage 

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Schéma concept paysage unificateur, Polyform Arkitekter et al. (2010). Transition entre ville et campagne. Aalborg Kommune. http://apps.aalborgkommune.dk/images/teknisk/PLANBYG/andre_planer/Godsbanearealet_Kvalitetsprogram.pdf 

Résilience culturelle 

Requalification d’éléments paysagers (évolution, dynamique et signification) 

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Composition des éléments significatifs sur le site, créé à partir de Polyform Arkitekter et al. (2010). Plans des éléments du patrimoine culturel. Aalborg Kommune. http://apps.aalborgkommune.dk/images/teknisk/PLANBYG/andre_planer/Godsbanearealet_Kvalitetsprogram.pdf 

La planification du projet souligne l’importance de conserver certains bâtiments et d’en réutiliser certains autres pour conserver l’identité du lieu. La spécificité de certains bâtiments, identifiés en rouge, offrent des opportunités de requalification supérieure dû à leur patrimoine industriel ferroviaire. Les rails sont aussi significatifs dans l’identité du site et dans l’ensemble du paysage industriel. Ils deviennent donc la colonne vertébrale du site : leur empreinte est réinterprétée et articule les différentes interventions. Certains éléments dits symboliques sont aussi conservés dans l’aménagement dans l’idée de conserver certaines permanences qui caractérise le lieu. Les mats de caténaire, les mats d’éclairage et les butées de voie ne sont pas laissées tels quels sur le site, mais sont plutôt recyclés dans le nouvel aménagement. L’objectif est à la fois d’économiser des ressources et d’ajouter des références historiques un peu partout sur le site.  

La stratégie soutient l’appropriation visuelle de Bentley qui stipule que la symbolique liée aux différents éléments dans l’aménagement urbain et contribue ainsi à la représentation de l’espace. La résurgence est aussi un concept clé puisque la revitalisation du lieu et la conservation de certaines caractéristiques qui conservent son identité permet de remettre en lumière le patrimoine industriel de la ville. Elle permet aussi de transformer un lieu délaissé en un bien collectif appropriable et vivant. 

 

Les architectes expliquent qu’une part importante de notre identité est liée à notre patrimoine physique. Le site agit comme un lieu de mémoire collective. La zone ferroviaire de fret à Aalborg témoigne d'une époque où le transport ferroviaire était à son apogée. À travers le paysage, les bâtiments uniques et les éléments distinctifs que l'on rencontre sur votre chemin, le site raconte l'histoire ferroviaire dans son ensemble.  

 

«â€¯Voici les voies caractéristiques du réseau ferroviaire qui sont connectées à l'ensemble de l'Europe. Voici le terminal avec son énorme structure, qui a des grues, des lumières, des interrupteurs et bien plus encore. Ils portent tous les marques du temps des décennies qui se sont écoulées depuis que le transport de marchandises était à son apogée. » 

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(Traduction libre, PolyForm Arkitekter, 2010, p.10) 

Réinterprétation des éléments du patrimoine ferroviaire (Mémoire collective) 

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Polyform Arkitekter et al. (2010). Caractéristiques vertes. Aalborg Kommune. http://apps.aalborgkommune.dk/images/teknisk/PLANBYG/andre_planer/Godsbanearealet_Kvalitetsprogram.pdf 

Dans le projet, les concepteurs ont d’abord requalifié et revalorisé les éléments post-industriels significatifs. Ensuite, ils se sont inspirés du génie du lieu, ici notamment le réseau ferroviaire et ses règles structurantes, afin d’intégrer le nouvel aménagement dans la même lignée. La reprise de la symbolique ferroviaire à grande échelle, autre que la requalification des bâtiments, se fait de deux manières. Il y a en premier lieu ce qui est appelé les «avenues», soit des plantations d’arbres qui s’alignent sur certains anciens tracés. Ces avenues soulèvent symboliquement les rails du sol afin de leur donner de l’importance, en plus d’organiser spatialement le parc en délimitant des sous-espaces. Le positionnement de ces arbres, autre que le fait d’accentuer la linéarité et la lisibilité de l’ensemble, ont également le rôle bioclimatique important de bloquer les vents dominants du sud-ouest afin de rendre agréable les espaces. De plus, un lien peut être fait avec la théorie sur la marchabilité, où ces arbres améliorent le facteur de l’encadrement et le gabarit de l’espace parc, le tout en créant un environnement continu, régulier et défini (Vachon 2022). 

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En deuxième lieu, la surface au sol de l’ancien réseau ferroviaire, traditionnellement composé de gravier, est verdie en ce qui est nommé la « piste verte ». Cette piste agit comme surface unificatrice et réseau structurant du projet. Par rapport à la surface unificatrice verdie, celle-ci n’a pas été créée en verdissant seulement les interstices entre les rails. Il y a eu une déconstruction assez complète du réseau des voies. Les rails en métal et les traverses en bois ont toutefois été réutilisés en quasi-totalité dans l’aménagement paysager du parc. Par exemple, de nombreux rails ont été coulé sur place dans du béton et utilisées comme bordure des plantations le long des parcours. Une critique pourrait être faite ici par rapport à la pérennité de l’aménagement et son lien à la mémoire collective. En effet, couler les rails directement au sol accentue la dégradation du métal et contre le principe même de construction des chemins de fer, qui est de soulever ces rails avec des traverses afin d’en assurer la durabilité. Toutes les qualités paysagères du site deviennent les fondements conceptuels de sa revitalisation. Ils soutiennent ainsi les concepts du landscape urbanism qui placent le paysage en premier plan. Les caractéristiques paysagères deviennent des guides dans le réaménagement complet du site. 

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Nadeau et al. (2022). Fragment de la stratégie utilisée pour le traitement du parc linéaire. 

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Le traitement du parc est inspiré du «â€¯patchwork » qui soutient la linéarité originale du tracé du chemin de fer. L’objectif de la subdivision du traitement se réfère au concept de lisibilité de Bentley. Tel que mentionné dans le cadre théorique, le rythme des espaces et des sous-espaces doit former un réseau clair et cohérent afin que le lieu soit facilement appropriable et utilisé. Les axes de séquençages ont ainsi pour but de fragmenter légèrement le parcours linéaire et d’y insérer des variétés de sous-espaces articulé autour d’un grand axe fondateur. Les sous-espaces accueillent donc une mixité d’usages qui assure l’appropriation du lieu.  

 

Le rythme établit par les axes de linéarité et de séquençage contribue à la diversité d’expériences sensorielles par la mixité de matériaux et de la biodiversité. Le traitement du parc soutient donc le concept de richesse évoqué par Bentley : la mixité de matériaux, de textures et d’ambiances contribue à la richesse visuelle du lieu. Les matériaux retenus pour la composition du parc s’inspirent directement du caractère industriel antérieur du site. Des matériaux bruts et simples tels que le béton, le gravier et le bois sont agencés dans une séquence qui tend à renforcir le gabarit des sous-espaces et soutiennent la marchabilité.  

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Morphogénèse de l’ensemble bâti 

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Polyform Arkitekter et al. (2010). Inspiration plan Rome antique 

http://apps.aalborgkommune.dk/images/teknisk/PLANBYG/andre_planer/Godsbanearealet_Kvalitetsprogram.pdf

L’organisation du projet s’inspire de la Rome antique. Une structure de quartier est d’abord créée, influencée directement par les contraintes topologiques du site, puis une hiérarchie des bâtiments est instaurée. Dans le même principe que les bâtis spécialisés conservés sur le site de l’ancien terminal, le plan de la Rome antique est parsemé de quelques bâtiments indépendants et démarqués du reste du cadre bâti. L’organisation urbaine laisse place à l’implantation de places publiques intégré au tissu urbain. Cette stratégie permet l’adaptation du gabarit et de l’organisation de ceux-ci selon les conditions environnantes.  

Selon Camillo Sitte, la ville médiévale présente un ensemble urbain cohérent et intègre des places publiques aux formes variées et adaptées aux conditions locales. L’organisation plutôt irrégulière enrichit les places en les rendant plus intéressante et unique, contribuant directement à augmenter son niveau de fréquentation. Tout comme le plan de la Rome antique, certaines qualités se dégagent de la composition spontanée et organique (Vachon, 2022). Les qualités de la ville médiévale se rapporte directement aux stratégies visées par la requalification du site ferroviaire. 

Le projet se compose de bâtis intégrant une variété de formes et d’usages dans une structure urbaine claire. Le plan de développement du quartier contribue à ouvrir l'espace de la ville vers le paysage par des tracés verts dégagés qui se glissent entre les trois zones principales de développement.  

Morphogénèse de l’ensemble bâti 

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Le bloc sculptural  

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Le premier type correspond à des volumes de construction compacts (3 à 6 étages) qui permettent plusieurs usages. C’est la principale typologie de la zone.  

Les maisons ponctuelles 

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Le second type comprend des volumes en hauteur (3 à 10 étages) qui sont placés à des points de vue stratégiques et à des points entrés importants du quartier. Ils deviennent des points de repères dans la ville et modifie la ligne d’horizon. L’idée est ainsi de faire évoluer certains éléments du paysage à l’évolution d’Aalborg.  

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Bâtiments existants réutilisés  

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Le dernier type de bâti vise à donner un caractère, une couleur particulière au quartier par la conservation et la réutilisation de bâtiments existants (1 à 2 étages, sauf le campus). Les anciens bâtiments industriels ancrent la mémoire collective du lieu. Ils deviennent les piliers du développement du site et le cadre bâti s’articule autour d’eux. 

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Polyform Arkitekter et al. (2010). Plans des typologies de bâtiments.  Aalborg Kommune. http://apps.aalborgkommune.dk/images/teknisk/PLANBYG/andre_planer/Godsbanearealet_Kvalitetsprogram.pdf 

Résilience SOCIALE 

Perméabilité et accessibilité 

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Parcours, accès et limites, créé à partir de Polyform Arkitekter et al. (2010). Plans des éléments du patrimoine culturel. Aalborg Kommune. http://apps.aalborgkommune.dk/images/teknisk/PLANBYG/andre_planer/Godsbanearealet_Kvalitetsprogram.pdf 

Avant d’organiser le nouveau quartier et l’implantation de ses bâtiments, les concepteurs ont dû travailler avec les frontières et limites existantes. Étant un lieu d’activité industrielle, le défi est de connecter à l’échelle locale un secteur qui avait auparavant comme but de connecter des régions à l’échelle territoriale. La logique de ce réseau, pensée pour la grande échelle, se rapproche de celle de l’autoroute puisqu’il crée de nombreuses limites et frontières entre les quartiers. Le secteur est donc délimité à l’ouest par le chemin de fer existant encore en activité. Cette frontière est une limite infranchissable à l’échelle de la zone. Ensuite, au sud, il y a l’autoroute Østre Alle, soit un viaduc qui créé une frontière sur la majorité de la zone d’intervention sauf lorsqu’elle devient viaduc (voir ligne grisée). À l’est, le quartier donne sur les arrière-cours résidentielles du secteur voisin, ce qui en fait une limite relativement infranchissable. Enfin, au nord et au centre deux boulevards, Jyllandsgade et Dag Hammarskjølds Gade respectivement, forment de par leur largeur des limites. Celles-ci demeurent toutefois franchissables.  

 

En ayant ces frontières et limites en tête, le projet a été pensé en maximisant les accès au secteur tout en conservant certaines zones plus privées. Le parc qui est fondamental dans le quartier selon plusieurs aspects demeure plutôt secondaire au niveau de la circulation, contenant notamment quelques pistes cyclables et parcours piétonniers. Quelques accès, principalement au nord, se font plutôt au travers de rues partagées entre l’auto, le vélo et le piéton : 

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Analyse du contexte bâti, (PolyForm Arkitekter, 2010, p.81) 

Les réseaux de transport sont les suivants : 

1) Un réseau viaire avec les boulevards cintrant le site et les voies de service le rendant accessible.  

2) Un réseau cyclable, soit de trois voies cyclables en rouge, qui relient le quartier Kearby en périphérie au centre historique. 

3) Un réseau piéton, indiqué dans ces axes principaux en jaune. Ce réseau est très perméable et offre une multitude de parcours. 

4) Un réseau d’autobus, avec un terminal d’autobus directement à gauche du projet (raison pourquoi le pôle institutionnel est là). 

5) Un éventuel réseau de train léger, passant sur Østre Alle au Sud.  

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 Voie viaire type

Voie piétonne type

            Voie cyclable type

Analyse du contexte bâti, (PolyForm Arkitekter, 2010, p.83-87) 

On remarque que les réseaux de transports actifs, soit la marche et le vélo, ainsi que les transports en commun, avec le train léger et l’autobus, sont les moyens de se déplacer les plus utilisés pour entrer et sortir du quartier. Ces moyens de transport se développent dans le temps, car les réseaux correspondants sont intégrés au projet au fur et à mesure de la construction du projet. 

De l’urbain à la place publique 

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Analyse du contexte bâti, (PolyForm Arkitekter, 2010, p.29) 

Avant d’implanter les bâtiments dans le quartier, les concepteurs ont été sensibles aux typologies d’implantations voisines afin de tenter d’améliorer le système local.  À l'ouest (1), les bâtiments marquants du Kennedy Arkaden, la gare d'Aalborg et le terminal Stykgodsterminalen. Ces bâtiments se démarquent à très grande échelle, mais ne parviennent pas à créer autour d'eux des espaces urbains cohérents et agréables. Au nord (2), le centre-ville est formé de manière classique où la combinaison de bâtiments forme les espaces, les rues et les places de la ville. Enfin, le quartier des artisans à l'ouest (3) présente une structure ouverte avec une grande variation dans la forme et le contenu des bâtiments, mais pas d'espaces adaptés à la vie urbaine. (PolyForm Arkitekter, 2010, p.29) 

Le nouveau développement est donc inspiré du centre-ville au nord dans le sens que ce sont les volumes construits qui créent les vides de la ville. Les bâtiments du quartier, bien que définis précisément au niveau architectural, ont à des emplacements soigneusement gérés. Ceux-ci s’implantant de manière à devenir « un ensemble urbain d'expériences variées. » (PolyForm Arkitekter, 2010, p.29) 

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Contribution des volumes bâtis à la formation de l’espace de la ville (PolyForm Arkitekter, 2010, p.53) 

Toujours par rapport à l’architecte et théoricien Camillo Sitte, plusieurs critères sont nécessaires afin de composer une bonne place publique. Selon lui, une place est (1) idéalement dégagée, (2) de taille restreinte, (3) close avec des rues étroites y menant et (4) intégrée au génie du lieu. À cet égard, les architectes expliquent qu’une partie des éléments du patrimoine culturel local soit réutilisé dans l’aménagement de ces places. En plus de leur utilisation dans le parc linéaire, les éléments sont repris dans ces places afin de « raconter des histoires d'une époque révolue et devenir partie du caractère des nouveaux espaces urbains. » (PolyForm Arkitekter, 2010, p.115) 

De plus, les bâtiments créant les places y sont adossés, créant l’effet de bordure et l’encadrement de la place. Les bâtiments significatifs, eux, comme ici le Kennedy Arkaden par exemple, sont situés aux coins et limites visuelles de ces places. 

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Organisation des places publiques et placettes privées, créé à partir de Polyform Arkitekter et al. (2010). Schéma des espaces et liaisons de la ville. Aalborg Kommune. http://apps.aalborgkommune.dk/images/teknisk/PLANBYG/andre_planer/Godsbanearealet_Kvalitetsprogram.pdf 

Il est indiqué en bleu les axes davantage privés ou publics, avec leurs places publiques correspondantes. Il est intéressant de constater l’intention de faire de certaines de certaines places un caractère plus urbain et perméable (public), et d’autres places davantage à caractère local (privé). Ces places sont disposées selon des axes plus ou moins privées, positionnés de manière radiale et perpendiculaire au réseau ferroviaire. Ces axes, prenant la forme de parcours piétonniers et cyclables, créent des parcours qui dirigent les usagers au travers du quartier et qui connectent à niveau variable les différentes places et placettes du projet. 

L’aspect public ou privé est une intention forte de départ, mais il serait intéressant de voir si ce degré de privacité ou de transparence est respecté en réalité. Un élément pouvant appuyer et rendre réaliste cette intention est le fait que l’axe principale, partant du Nord-Ouest vers le Sud-Est comporte en fin de parcours un grand centre commercial et une plus grande transparence au niveau des rez-de-chaussée des immeubles. Ces attributs font généralement en sorte que ces parcours deviennent davantage publics que les voies adjacentes. 

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Séquence d'espaces publics, créé à partir de Polyform Arkitekter et al. (2010). Schéma des espaces et liaisons de la ville. Aalborg Kommune. http://apps.aalborgkommune.dk/images/teknisk/PLANBYG/andre_planer/Godsbanearealet_Kvalitetsprogram.pdf 

Les places dans le projet sont organisées afin d’être vécus en séquence par l’usager. On peut observer notamment la séquence de places publiques composée de la Place de l’arrivée, la Place du campus et une troisième petite place connectant l’axe au parc linéaire. Cette multiplicité de places et placettes crée un réseau perméable et ouvert avec des expériences qui dépendent fortement de l’implantation et du gabarit du cadre bâti.  

Mixité d’usage et densité 

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Nadeau et al. (2022). Répartition des usages dans le projet. 

Une analyse de la mixité des usages et de la densité au sein du projet permet de saisir la raison et la portée du positionnement spatiale des fonctions. En fonction du type d’usages, certains constats sont soulevés : 

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• Habitation  

La mixité résidentielle/commerciale est localisé près d’un axe significatif, le boulevard nord, ainsi que des places publiques partagée avec la zone institutionnelle. L’hétérogénéité résidentielle semble cohérente avec les polarités du site, puisque la plus grande concentration des activités se situe en bordure du boulevard nord, vers le centre historique de la ville. Le secteur sud du projet se projette vers un secteur de la ville moins dense.  

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• Commerces  

Les principaux commerces et services, tel qu’une épicerie et un centre commercial, longent le boulevard nord et s’approche ainsi de l’activité urbaine du centre-ville d’Aalborg. Le secteur commercial à l’est, quant à lui, représente les bâtiments conservés sur le site. Certaines locations commerciales ne sont toujours pas terminées. Des transformations bâti et d’usages pourraient donc survenir pendant les années à venir. 

 

• Institutions 

L’idée première dans la requalification du site était d’y inclure un campus. C’est donc à travers la transformation de la gare, un des bâtiments symboliques du site qui devait être conservé, que l’école a été aménagée. Une école secondaire adjacente a aussi été construite, ainsi qu’un gymnase accessible à la communauté. Le secteur institutionnel s’est implanté dans le secteur nord-ouest dans l’objectif d’être directement reliée au terminus d’autobus et à la nouvelle gare. 

 

• Utilité publique  

Les fonctions primaires du quartier sont directement liées aux infrastructures de transport qui permettent de desservir efficacement le secteur nord. Un stationnement à étages, près du terminus d’autobus, est implanté en bordure du boulevard sud et s’éloigne ainsi du pôle d’activités principal du projet. 

 

• Culturel 

Un musée de l’Industrie ferroviaire se situe dans l’ancienne rotonde ferroviaire. L’idée est donc de conserver, diffuser et renforcir mémoire collective du lieu, de son ancien usage et son importance dans le développement de la ville. 

 

• Parcs et terrains de sports 

Le grand parc qui couvre les anciennes voies ferrées du site accueille une multitude d’activités, telles que le volley-ball de plage, la pétanque, des pistes d’athlétisme, des zones aménagées pour le yoga, du tennis de table et des sentiers pour la marche et le vélo. 

Des terrains de sports sont aussi aménagé au nord du site, à travers le réseau des espaces publics qui se faufile entre les bâtiments. Ils sont situés aux extrémités des anciennes voies, près des anciennes butées.  

 

Le projet inclut une mixité d’usages répartie en cohérence avec les pôles attractifs du site. La section nord du quartier autant dans son implantation que dans ses usages est davantage en lien avec son contexte plus dense du centre-ville. Le développement et la densification du secteur soutiennent le concept du Smart Growth par la consolidation d’une zone existante qui favorise les déplacements actifs et le réseau de transports en commun déjà en place. 

Il y a aussi une grande place accordée à la prise en compte de l’adaptabilité des besoins et ce côté évolutif du masterplan. On saisit que le secteur commercial nord-est, composé principalement d’entreprises de vente de location automobile, est le dernier segment à être revitalisé dans la zone. Cette revitalisation offrirait des nouvelles opportunités de mixité dans les années à venir. La zone commerciale pourrait donc inclure des usages résidentiels pour se dégager de son homogénéité fonctionnelle actuelle. Cette volonté de phasage évolutif permet d’assurer une flexibilité dans le déroulement du projet et une possible rétroaction des usagers afin d’améliorer les plans initiaux. 

Résilience environnementale 

La résilience environnementale du quartier est développée en concordance avec le paysage et le cadre bâti du projet. Une attention spéciale a été portée envers la recherche de solutions écologiques et climatiques pour l’environnement. D’abord, un geste de reconnexion entre les écosystèmes de la ville vise à relier les réseaux hydrographiques et les espaces verts d’Aalborg. Ce point de rencontre de la nature et du paysage est un espoir de préservation de la faune et la flore en milieu urbain. Ensuite, l’intégration d’infrastructures favorisant l’approvisionnement en énergie renouvelable du quartier et l’utilisation de stratégie de chauffage passif permettent la neutralité carbone de Godsbanearealet. Enfin, les infrastructures fluviales sont élaborées en relation avec le territoire et s’intègrent dans le paysage urbain du quartier comme élément marquant de l’identité locale.  

Intégration des infrastructures dans un système résiliant aux changements climatiques 

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 Raundahl Moesby (2018). Toits verts et panneaux photovoltaïques, https://www.raundahl-moesby.dk/modules/buildings/building.php?id=50 

Le projet comme un réseau bâti soutenable environnementalement 

Godsbanearealet se rattache aux principes du Smart Growth en mettant de l’avant des alternatives de développement urbain soutenable. Le quartier est densifié au nord, ce qui lui permet de réduire l’énergie allouée aux transports, ainsi qu’à la construction et l’exploitation du site. Différentes stratégies d’optimisation énergétiques sont empruntées dans ce projet. Les voici : (PolyForm Arkitekter, 2010, p. 134-141):

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1. Miser en majeure partie sur des réseaux de transport actifs (piétons et cyclistes) afin de diminuer la présence d’automobile dans les alentours du projet. Par l’implémentation d’équipements tels que des stationnements à vélo et de larges sentiers partagés. On souhaite également favoriser les transports publiques et facilitant l’accessibilité des services par rapport à l’implantation des bâtiments. La vitesse est réduite dans les rues résidentielles et les zones de stationnements sont spécifiquement délimitées en périphérie du quartier. 

 

2. Favoriser le chauffage urbain, soit un chauffage qui profite de la chaleur excédentaire produite par les industries et de l’incinération de déchets afin de la réutiliser en énergie ou chaleur pour le quartier. Cette stratégie est favorable à la diminution de l’émission de CO2. 

 

3. Implanter des modules de stockage d’énergie renouvelable individuels tels que des panneaux photovoltaïques ou encore des éoliennes domestiques. Il est à noter que les éoliennes domestiques n’ont pas encore été intégré au projet dans sa phase de développement actuelle. 

 

4. L’amélioration de la protection climatique des bâtiments par l’efficacité de leur composition (utiliser une isolation stratégique étanche, éviter des ponts thermiques, choisir un type de fenêtres triples à basse énergie, installer des pare-soleils, etc.).  

  

5. Utiliser des méthodes de chauffage, ventilation et refroidissement passif. Le choix de l’orientation et de la disposition appropriée des bâtiments dans le plan d’ensemble du projet. (Polyform, 2016). 

 

Infrastructures d’eau (Canalisation égouts, eau pluviale et rivière) 

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Le quartier de Godsbanearealet atteint la neutralité carbone en plus d’être un secteur important pour la collecte des eaux de pluie. Les bassins et canaux sont conçus pour permettre la diminution des risques d’inondation dans la ville et de réduire la vitesse du débit d’eau en direction des infrastructures de récoltes des eaux de pluie publiques telles que les égouts (Polyform, 2016). 

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Afin de réduire la quantité d’infrastructures de canalisation et d’égouts dans le quartier, la zone de planification du projet inclus une série de bassins de rétention de l’eau de pluie, de gouttières, de fossés et de toits verts. Ces solutions de gestion des eaux correspondent au principe du Water sensitive urban design (WSUD) par leur intégration au développement urbain des infrastructures. S’incorporant dans les espaces publiques et le cadre bâti, les bassins de rétentions servent en temps normal de terrains sportifs ou parcs publiques pour le quartier. Lors de grands orages, ces zones permettent à l’eau de s’y accumuler afin de ralentir sa progression vers les égouts et favoriser son absorption dans le sol. En plus d’avoir une utilité technique visant la protection envers les inondations, cela crée un milieu propice au développement dans la flore dans les espaces verts du projet et des systèmes de récolte de l’eau de pluie sont mis en place afin de recueillir les surplus. Les gouttières de béton reprennent le langage industriel relié à l’historique du site. Enfin, les bassins sont conçus afin de s’intégrer dans l’aménagement du paysage urbain par leurs douces pentes et les installations suivent la dépression naturelle du terrain. (PolyForm Arkitekter, 2010)  

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Grete Dahl, 2016, Gouttières en béton et bassins intégrés, 

https://nordjyske.dk/plus/ris-og-ros-til-til-byens-rum/7f77b29f-43b4-4fe3-a8bc-56e399e3a49a  

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Nadeau et al., 2022. Crée à partir de Aalborg Kommune. (2011). Parcours et rétention des eaux de pluie. 

https://www.youtube.com/watch?v=GDZiFbNrL8Y  

Résurgence d’une biodiversité 

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Nadeau et al., 2022, créé à partir de SLA, s.d., carte du réseau de biodiversité, https://www.sla.dk/cases/the-opening-of-ostera/ 

Le système de gestion des eaux dans le projet fait partie d’une stratégie à l’empreinte plus large. En effet, dans les dernières années (2021-2022), une requalification de la rivière Østerå à l’échelle de la ville a été enclenchée. Ce cours d’eau enseveli sous le centre-ville dans une série de réseaux souterrains refait surface en tant qu’emblème de résilience environnementale à Aalborg. Cette revitalisation de la nature dans Aalborg a pour but la reconnexion du paysage et des quartiers urbains, tout en révisant la stratégie de prévention des inondations dans la vallée danoise. La résurgence de ce cours d’eau est un moyen pour Aalborg de rapporter la nature en ville tout en créant un réseau de biodiversité vaste.

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Nadeau et al.,2022, crée à partir de Polyform Arkitekter et al. (2010). Le parc linéaire. Aalborg Kommune. http://apps.aalborgkommune.dk/images/teknisk/PLANBYG/andre_planer/Godsbanearealet_Kvalitetsprogram.pdf  

Réseaux verts de biodiversité 

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Le parc linéaire est un élément central du plan d’ensemble, étant considéré par les concepteurs comme la colonne vertébrale de ce projet urbain. La nature et le paysage comme réseau se rattachent aux différents quartiers de la ville ainsi qu’au projet de requalification de la rivière adjacente. Ce corridor de biodiversité prend racine dans les friches du lieu délaissé qu’était devenu le terminal de trains de marchandises qu’il accueillait autrefois. La requalification du site est un travail d’urbanisme de paysage pouvant s’associer à la théorie du tiers-paysage. En effet, par la conservation d’éléments industriels marquants tout au long de ce grand parc, la nature qui avait commencé à reprendre ses droits est aidée dans sa revigoration par l’action humaine. 

Le paysage post-industriel est traité dans le projet par des choix de matériaux (gravier, béton, asphaltes, etc.) et des principes de design simples qui conservent le caractère ferroviaire du lieu. Entre autres, l’utilisation d’anciens wagons comme espaces pour les plantations, des zones de repos ou même des terrains de jeux souhaite contribuer à la mémoire du lieu.  

Pour finir, la flore, d’essence locale, retrouve un milieu de vie adéquat sur un terrain délaissé. Les rangées d'arbres sont constituées de grands feuillus, étant robustes et de croissance rapide. Ceux-ci fourniront donc, dans un délai relativement court, une identité locale au quartier. La canopée deviendra ainsi un lieu de rassemblement social ou encore de protection contre les intempéries et le soleil. (PolyForm Arkitekter, 2010, p. 97 - 105) 

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